Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/141

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Puis, Marcel Lornans reparla de Mme  Elissane. Il demanda quelques renseignements sur la vie qu’elle menait à Oran. Comment M. Dardentor avait-il trouvé sa maison ?…

« Jolie habitation, répondit celui-ci, jolie cage, animée par la présence d’un charmant oiseau. Vous y viendrez…

— S’il n’y a pas indiscrétion… observa Marcel Lornans.

— Présentés par moi, cela ira tout seul. Pas aujourd’hui, pourtant… Il faut laisser Agathocle prendre pied… Nous verrons demain… Maintenant ne nous occupons que de promenades. La ville… son port… ses monuments…

— Et notre engagement ?… dit Marcel Lornans.

— Ce n’est pas aujourd’hui que vous allez y ficher votre paraphe, ni demain… ni après-demain !… Attendez au moins jusqu’après la noce…

— Ce serait peut-être attendre que nous ayons l’âge d’être mis à la retraite…

— Non… non !… Ça ne traînera pas ! »

Quel déballage d’expressions qui eussent choqué les délicatesses de Patrice ! « Donc, reprit M. Dardentor, qu’il ne soit plus question d’engagement…

— Rassurez-vous, dit Jean Taconnat. Nous nous sommes offert un sursis de quinze jours ! D’ici là, si notre situation ne s’est pas modifiée… si des intérêts nouveaux…

— Bien, mes amis… ne discutons point ! s’écria Clovis Dardentor. Vous vous êtes réservé quinze jours… je les prends et vous en donne reçu !… Vous m’appartiendrez pendant cette période… Vrai, je ne me suis embarqué sur l’Argèlès que parce que je savais vous y trouver… à bord…

— Et encore avez-vous manqué le départ, monsieur Dardentor ! » répliqua Jean Taconnat.

Au comble de la bonne humeur, notre Perpignanais se leva de table et passa dans le hall.

Patrice était là.