Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/146

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Le résultat fut que Louise Elissane éprouvait un secret désir de voir ces deux Parisiens admis dans la maison de sa mère, et elle ne put retenir un léger signe approbateur lorsque M. Dardentor proposa de les y amener.

« Je vous les présenterai, madame Elissane, dit-il, je vous les présenterai dès demain… Des jeunes gens très bien… très bien… et que vous ne regretterez pas d’avoir reçus ! »

Peut-être Mme Désirandelle trouva-t-elle cette proposition du Perpignanais au moins inopportune. Cependant Mme Elissane ne crut pouvoir faire autrement que d’y acquiescer. Elle n’avait rien à refuser à M. Dardentor.

« Rien à me refuser ! s’écria celui-ci. Ah ! je vous prends au mot, chère madame. D’ailleurs, je ne demande jamais que des choses raisonnables… à moi-même comme aux autres… et on peut me les accorder comme je me les accorde… Interrogez là-dessus l’ami Désirandelle.

— Sans doute… répondit sans trop de conviction le père d’Agathocle.

— C’est convenu, reprit M. Dardentor, MM. Marcel Lornans et Jean Taconnat viendront passer la soirée de demain chez Mme Elissane. — À propos, Désirandelle, êtes-vous des nôtres pour visiter la ville, entre neuf heures et midi ?…

— Vous m’excuserez, Dardentor… Je désire ne point quitter ces dames et tenir compagnie à notre chère Louise…

— À votre aise… à votre aise !… Je comprends cela !… Ah ! mademoiselle Louise, comme on vous aime déjà dans cette excellente famille où vous allez entrer !… Eh bien, Agathocle, tu ne dis rien, mon garçon ?… Faut-il que je me mette en frais à ta place ?… Ah ça ! est-ce que tu ne trouves pas Mlle Louise charmante ?… »

Agathocle crut spirituel de répondre que s’il ne disait pas tout haut ce qu’il pensait, c’est qu’il pensait que mieux vaudrait le dire tout bas, — enfin une phrase entortillée, qui ne signifiait rien, et il n’en fût pas sorti si M. Dardentor ne l’y eût aidé.

Et Louise Elissane, qui ne cherchait guère à cacher le désenchan-