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XI

Qui n’est qu’un chapitre préparatoire au chapitre suivant.

L’heure était enfin venue où les divers éléments du groupe Dardentor allaient se concréter en caravane. Plus de ligne de chemin de fer à suivre pour aller de Saïda à Sidi-bel-Abbès, plus de transport en wagons traînés par la hennissante locomotive. Les routes carrossables se substitueraient aux lignes railwayennes.

Il y avait trois cent cinquante kilomètres, — soit une centaine de lieues à faire « dans les conditions les plus agréables », répétait M. Dardentor. On irait à cheval, à mulet, à chameau, à dromadaire, en voiture, à la surface de ces territoires exploités par les alfaciers, à travers ces interminables forêts sud-oranaises, qui sur les cartes coloriées, apparaissent comme des corbeilles verdoyantes, baignées par le réseau des oueds de cette montagneuse région.

Depuis le départ d’Oran, pendant ce parcours de cent soixante-seize kilomètres, il était visible que l’héritier des Désirandelle, figé dans sa nullité indéniable, n’avait point approché le but vers lequel le poussait sa famille. D’autre part, comment Mme Elissane ne se serait-elle pas aperçue que Marcel Lornans recherchait les occasions de rencontrer sa fille, de faire en un mot tout ce que ne faisait pas, bien qu’il en eût le droit, cet imbécile d’Agathocle ?… D’ailleurs, que Louise fût sensible aux attentions du jeune homme, oui ! peut-être… mais rien de plus, Mme Elissane en répondait. Et, en fin de compte, elle n’était pas femme à se déjuger… Jamais Louise, qu’elle sermonnerait au besoin, n’oserait refuser son consentement au mariage projeté.

Quant à Jean Taconnat, avait-il lieu d’être satisfait ?…