Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/235

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compagnons de voyage, — autorité diminuée, d’ailleurs, — il ne l’osa pas.

« Maintenant, mon cher Marcel et mon cher Jean, que pensez-vous de Tlemcen ?…

— Une belle ville, se contenta de répondre le premier distraitement.

— Belle… oui… ajouta le second du bout des lèvres.

— Hein ! mes gaillards, ai-je bien fait de vous rattraper, vous, Marcel, par votre collet, et vous, Jean, par le fond de votre culotte ! Que de choses superbes vous n’auriez jamais vues…

— Vous avez risqué votre vie, monsieur Dardentor, dit Marcel Lornans, et croyez que notre reconnaissance…

— Ah ça ! monsieur Dardentor, demanda Jean Taconnat, en coupant la parole à son cousin, est-ce que c’est votre habitude de sauver les…

— Eh ! la chose m’est arrivée plus d’une fois, et je pourrais me coller sur le torse un joli emplâtre de médailles ! C’est ce qui fait que, malgré mon envie de devenir un papa adoptif, vous le savez, je n’ai jamais pu adopter personne !

— C’est même vous qui étiez dans les conditions, observa Jean Taconnat, pour être…

— Comme vous dites, mon bébé ! riposta Clovis Dardentor. Mais il s’agit de se tirer les pieds… »

On rentra à l’hôtel. Le dîner fut maussade. Les convives avaient l’air de gens qui ont bouclé leurs valises et que le train attend. Au dessert, le Perpignanais se décida à offrir les jolies petites babouches à leur destinataire.

« En souvenir de Tlemcen, chère demoiselle ! » dit-il.

Mme  Elissane ne put qu’acquiescer par un sourire à la gracieuse attention de M. Dardentor, tandis que, dans le groupe Désirandelle, madame se pinçait les lèvres, et monsieur haussait les épaules.

Quant à Louise, son visage se rasséréna, un éclair de contentement brilla dans ses yeux, et elle dit :