Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/259

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Il s’ensuit qu’un beau matin, Jean Taconnat crut devoir s’exprimer en ces termes :

« Mon vieux Marcel, il faut se décider ! Puisque nous sommes venus ici pour être soldats, soyons soldats !… Quand veux-tu que nous allions au bureau du sous-intendant, puis au bureau du recrutement ?…

— Demain, » répondit Marcel Lornans.

Et, le lendemain, lorsque Jean Taconnat renouvela sa proposition, il obtint la même réponse.

Ce qui attristait le plus Marcel Lornans, c’est que les occasions lui manquaient de revoir Mlle  Elissane. La jeune fille ne sortait guère. Les réceptions à la maison de la rue du Vieux-Château avaient cessé. On annonçait comme prochain le mariage de M. Agathocle Désirandelle et de Mlle  Louise Elissane. Marcel Lornans se désespérait.

Un matin, Clovis Dardentor vint à l’hôtel rendre visite aux deux jeunes gens.

« Eh bien ! mes amis, demanda-t-il sans autre préambule, et votre engagement ?…

— Demain, répondit Marcel Lornans.

— Oui… demain, ajouta Jean Taconnat, demain sans faute, cher et rare monsieur Dardentor !

— Demain ?… repartit celui-ci. Mais non… mais non… que diable !… Vous avez tout le temps de vous incruster dans le 7e chasseurs !… Attendez… rien ne presse !… Je veux que vous assistiez tous les deux à la fête que je donnerai…

— Pour le mariage de M. Désirandelle et de Mlle  Elissane ?… demanda Marcel Lornans, dont la figure s’altéra visiblement.

— Non, répondit M. Dardentor, la fête de l’adoption, avant le mariage… Je compte sur vous… Bonsoir ! »

Et il les quitta sur ce mot, tant il était pressé.

En effet, notre Perpignanais avait dû élire domicile dans le canton d’Oran, dont le juge de paix devait dresser l’acte d’adoption. Puis