est, dans la direction de l’archipel des Baléares. Quelques bâtiments passaient au large à contre-bord, déroulant leur panache de fumée ou arrondissant leur blanche voilure sur le fond un peu brumeux de l’horizon.
D’un bout à l’autre du pont allait le capitaine Bugarach pour les besoins du service.
En ce moment, Marcel Lornans et Jean Taconnat parurent à l’entrée de la dunette. Aussitôt le capitaine s’approcha pour leur serrer la main, disant :
« Vous avez joui d’une bonne nuit, messieurs ?…
— Plus que bonne, capitaine, répondit Marcel Lornans, et il serait difficile d’en imaginer une meilleure. Je ne connais pas de chambre d’hôtel qui vaille une cabine de l’Argèlès.
— Je suis de votre avis, monsieur Lornans, reprit le capitaine Bugarach, et je ne comprends pas qu’on puisse vivre ailleurs qu’à bord d’un navire.
— Allez dire cela à M. Désirandelle, observa le jeune homme, et s’il partage votre goût…
— Pas plus à ce terrien qu’à ses pareils, incapables d’apprécier les charmes d’une traversée !… s’écria le capitaine. De vrais colis à fond de cale !… Ces passagers-là, c’est la honte des paquebots !… En somme, comme ils paient passage…
— Voilà ! » répliqua Marcel Lornans.
Jean Taconnat, d’habitude si loquace, si expansif, s’était contenté de serrer la main du capitaine et n’avait point pris part à la conversation. Il paraissait préoccupé.
Marcel Lornans, continuant d’interroger le capitaine Bugarach, lui dit alors :
« Quand serons-nous en vue de Majorque ?…
— En vue de Majorque ?… Vers une heure de l’après-midi. Pour ce qui est de relever les premières hauteurs des Baléares, cela ne tardera guère.
— Et nous resterons en relâche à Palma ?…