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— C’est convenu, messieurs. »

Nouvel échange de poignées de main, auxquelles Jean Taconnat trouvait quelque chose de paternel et de filial.

« Et, pensait-il, si, par quelque heureux hasard, le feu prenait à cet hôtel, quelle occasion de sauver des flammes cet excellent homme ! »

Vers onze heures, on signala les contours lointains encore de l’archipel des Baléares dans le sud-est. Avant trois heures, le paquebot serait en vue de Majorque. Sur cette mer favorable, qui le prenait par l’arrière, il ne subirait aucun retard, il arriverait à Palma avec l’exactitude d’un express.

Ceux des passagers qui avaient été du dîner de la veille descendirent dans la salle à manger.

La première personne qu’ils aperçurent fut M. Eustache Oriental, toujours assis au bon bout de la table.

Au vrai, quel était donc ce personnage si obstiné, si peu sociable, ce chronomètre en chair et en os, dont les aiguilles ne marquaient que les heures des repas ?

« Est-ce qu’il a passé la nuit à cette place ?… demanda Marcel Lornans.

— Probablement, répondit Jean Taconnat.

— On aura oublié de lui dévisser son écrou ! » ajouta notre Perpignanais.

Le capitaine Bugarach, qui attendait ses convives, leur souhaita le bonjour, en formulant l’espoir que le déjeuner mériterait tous leurs éloges.

Puis ce fut le docteur Bruno qui salua à la ronde. Il avait une faim de loup, — de loup marin s’entend, — et cela trois fois par jour. Il s’informa plus particulièrement de l’extravagante santé de M. Clovis Dardentor.

M. Clovis Dardentor ne s’était jamais mieux porté, tout en le regrettant pour le docteur, dont il n’aurait sans doute pas à utiliser les précieux services.