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au village des coquins

VIII

au village des coquins


Huit jours après, le 26 mai, l’attelage se trouvait aux sources du Frazer. Si la pluie n’avait cessé de tomber nuit et jour, ce mauvais temps allait prochainement prendre fin, à s’en rapporter aux affirmations du guide.

Après avoir contourné les sources du fleuve, en suivant un territoire assez montueux, la Belle-Roulotte prit franchement direction vers l’ouest.

Encore quelques journées de marche, et M. Cascabel serait à la frontière de l’Alaska.

Pendant la dernière semaine, ni bourgade, ni hameau ne s’étaient rencontrés sur l’itinéraire suivi par Ro-No. Du reste, on n’avait eu qu’à se louer des services de cet Indien, car il connaissait parfaitement le pays.

Ce jour-là, le guide prévint M. Cascabel que, s’il le désirait, il pourrait faire halte dans un village, situé à peu de distance, où un repos de vingt-quatre heures ne serait pas sans profit pour ses chevaux quelque peu surmenés.

« Quel est ce village ? demanda M. Cascabel, toujours en défiance, quand il s’agissait de la population colombienne.

— Le village des Coquins, répondit le guide.

— Le village des Coquins ! s’écria M. Cascabel.

— Oui, dit Jean, c’est bien le nom qui est porté sur la carte ; mais ce doit être un nom de tribu indienne, tel que les Koquins…

— Bon !… bon !… pas tant d’explications, répliqua M. Cascabel, et il est le bien nommé, s’il est habité par des Anglais, ne fussent-ils qu’une demi-douzaine ! »