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deux ans de vacances.

d’eau signalée par Briant. Cet itinéraire, bien qu’il ne fût pas le plus court, avait l’avantage d’être le plus sûr. Quant à s’allonger d’un ou deux milles, ce n’était pas pour gêner des garçons vigoureux et bons marcheurs.

Dès qu’il eut atteint la falaise, Briant reconnut l’endroit où Gordon et lui s’étaient arrêtés lors de leur première exploration. Comme dans cette portion de la muraille calcaire il ne se trouvait aucune passe en redescendant vers le sud, c’était vers le nord qu’il fallait chercher un col praticable, dût-on remonter jusqu’au cap. Cela demanderait, sans doute, toute une journée ; mais on ne pourrait procéder autrement, dans le cas où la falaise serait infranchissable sur son revers occidental.

C’est ce que Briant expliqua à ses camarades, et Doniphan, après avoir inutilement essayé de gravir une des pentes du talus, ne fit plus d’objection. Tous quatre suivirent alors le soubassement que bordait le dernier rang des arbres.

On marcha pendant une heure environ, et, comme il faudrait sans doute aller jusqu’au promontoire, Briant s’inquiétait de savoir si le passage serait libre. Avec l’heure qui s’avançait, la marée n’avait-elle pas déjà recouvert la grève ? Ce serait près d’une demi-journée à perdre, en attendant que le jusant eût laissé à sec le banc de récifs.

« Hâtons-nous, dit-il, après avoir expliqué quel intérêt il y avait à devancer l’arrivée du flux.

— Bah ! répondit Wilcox, nous en serons quittes pour nous mouiller les chevilles !

— Les chevilles et puis la poitrine et puis les oreilles ! répliqua Briant. La mer monte de cinq à six pieds, au moins. Vraiment, je crois que nous aurions mieux fait de gagner directement le promontoire.

— Il fallait le proposer, répondit Doniphan. C’est toi, Briant, qui nous sers de guide, et si nous sommes retardés, c’est à toi seul qu’on devra s’en prendre !