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deux ans de vacances.

— Nous le verrons bien, répondit Briant, qui trouva inutile de recommencer une discussion à ce sujet. Cependant, tant qu’il coulera vers l’est, je pense que nous ferons bien de le suivre, s’il ne fait pas trop de détours. »

Les quatre jeunes garçons se mirent en marche, après avoir eu soin de franchir le creek sur la chaussée, – afin de ne point avoir à le traverser en aval et peut-être dans des conditions moins favorables.

Il fut assez facile de suivre la berge, sauf en quelques endroits, où certains groupes d’arbres trempaient leurs racines dans l’eau vive, tandis que leurs branches se rejoignaient d’une rive à l’autre. Si le creek faisait parfois un coude brusque, sa direction générale, relevée à la boussole, était toujours vers l’est. Quant à son embouchure, elle devait être encore éloignée, puisque le courant ne gagnait pas en vitesse, ni le lit en largeur.

Vers cinq heures et demie, Briant et Doniphan durent constater, non sans regret, que le cours du creek prenait franchement vers le nord. Cela pouvait les entraîner loin, s’ils continuaient à le suivre comme un fil conducteur, et dans une direction qui les éloignait manifestement de leur but. Ils furent donc d’accord pour abandonner la berge et reprendre route, vers l’est, au plus épais des bouleaux et des hêtres.

Cheminement très pénible ! Au milieu des hautes herbes qui dépassaient parfois leur tête, ils étaient forcés de s’appeler pour ne point se perdre de vue.

Comme, après toute une journée de marche, rien n’indiquait encore le voisinage d’une nappe d’eau, Briant ne laissait pas d’être inquiet. Aurait-il donc été le jouet d’une illusion, quand il observait l’horizon du haut du cap ?…

« Non !… Non !… se répétait-il. Je ne me suis pas trompé !… Cela ne peut être !… Cela n’est pas ! »

Quoiqu’il en fût, vers sept heures du soir, la limite de la forêt n’avait pas même été atteinte, et l’obscurité était déjà trop grande pour permettre de se diriger.