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deux ans de vacances.

vers l’est. Les difficultés éprouvées, rien que pour venir du campement au lac, durant un parcours de quelques milles seulement, seraient autrement grandes, lorsqu’il s’agirait de cheminer longtemps avec la petite troupe au complet. On était déjà au commencement d’avril, et l’hiver austral est plus précoce que celui de la zone boréale. On ne pouvait songer à partir que la belle saison fût de retour.

Et pourtant, sur cette baie de l’ouest, incessamment battue par les vents du large, la situation ne serait pas longtemps tenable. Avant la fin du mois, il y aurait nécessité de quitter le schooner. Aussi, puisque Gordon et Briant n’avaient pu découvrir une caverne dans le soubassement occidental de la falaise, fallait-il reconnaître si l’on ne pouvait s’établir dans de meilleures conditions du côté du lac. Il convenait donc d’en visiter soigneusement les abords. Cette exploration s’imposait, dût-elle retarder le retour d’un jour ou deux. Sans doute, ce serait causer à Gordon de vives inquiétudes ; mais Briant et Doniphan n’hésitèrent pas. Leurs provisions pouvaient durer quarante-huit heures encore, et, rien ne faisant prévoir un changement de temps, il fut décidé que l’on descendrait vers le sud en côtoyant le lac.

Et puis, autre motif, qui devait engager à pousser plus loin les recherches.

Incontestablement, cette partie du territoire avait été habitée, ou, tout au moins, fréquentée par les indigènes. La chaussée, jetée en travers du creek, l’ajoupa, dont la construction trahissait la présence de l’homme à une époque plus ou moins récente, étaient autant de preuves qui voulaient être complétées, avant de procéder à une nouvelle installation en vue de l’hiver. Peut-être d’autres indices viendraient-ils s’ajouter aux indices déjà relevés ? À défaut d’indigènes, ne pouvait-il se faire qu’un naufragé eût vécu là jusqu’au moment où il avait enfin atteint une des villes de ce continent ? Cela valait assurément la peine de prolonger l’exploration de la contrée riveraine du lac.

La seule question était celle-ci : Briant et Doniphan devaient-ils