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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/123

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deux ans de vacances.

L’obscurité, d’ailleurs, ne permettait de voir qu’imparfaitement la disposition des lieux, et il semblait bien qu’une falaise venait border la rive droite de ce cours d’eau.

Briant, Doniphan, Wilcox et Service, après avoir soupé, ne songèrent plus qu’à prendre du repos, – à la belle étoile, cette fois, faute d’une hutte. Mais elles étaient si étincelantes, les étoiles qui brillaient au firmament, tandis que le croissant de la lune allait disparaître au couchant du Pacifique !

Tout était tranquille sur le lac et sur la grève. Les quatre garçons, nichés entre les énormes racines d’un hêtre, s’endormirent d’un sommeil si profond que les éclats de la foudre n’auraient pu l’interrompre. Pas plus que Phann, ils n’entendirent ni des aboiements assez rapprochés, qui devaient être des aboiements de chacal, ni des hurlements plus éloignés, qui devaient être des hurlements de fauves. En ces contrées, où les autruches vivaient à l’état sauvage, on pouvait redouter l’approche des jaguars ou des couguars, qui sont le tigre et le lion de l’Amérique méridionale. Mais la nuit se passa sans incidents. Toutefois, vers quatre heures du matin, l’aube n’ayant pas encore commencé à blanchir l’horizon au-dessus du lac, le chien donna des signes d’agitation, grondant sourdement, flairant le sol comme s’il eût voulu se mettre en quête.

Il était près de sept heures, lorsque Briant réveilla ses camarades, étroitement blottis sous leurs couvertures.

Tous furent aussitôt sur pied, et, tandis que Service grignotait un morceau de biscuit, les trois autres vinrent prendre un premier aperçu de la contrée au-delà du cours d’eau.

« En vérité, s’écria Wilcox, nous avons joliment fait de ne point chercher hier soir à franchir ce rio, nous serions tombés en plein marécage !

— En effet, répondit Briant, c’est un marais qui s’étend vers le sud, et dont on n’aperçoit pas la fin !

— Voyez ! s’écria Doniphan, voyez les nombreuses bandes de canards, de sarcelles, de bécassines qui volent à sa surface ! Si l’on