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deux ans de vacances.

caverne, et ils en bouchèrent l’orifice, afin que les animaux n’y pussent pénétrer. Après avoir achevé ce qui restait des provisions, ils descendirent la rive droite du rio, en longeant la base de la falaise. Une heure plus tard, ils arrivaient à l’endroit où le massif s’écartait pour prendre une direction oblique vers le nord-ouest.

Tant qu’ils suivirent le cours du rio, leur marche fut assez vive, car la berge n’était que peu encombrée d’arbres, d’arbrisseaux et d’herbes.

Tout en cheminant, dans la prévision que le rio servait de communication entre le lac et Sloughi-bay, Briant ne cessait de l’examiner avec attention. Il lui sembla que, sur la partie supérieure de son cours tout au moins, une embarcation ou un radeau pourraient être halés à la cordelle ou poussés à la gaffe – ce qui faciliterait le transport du matériel, à condition d’utiliser la marée dont l’action se faisait sentir jusqu’au lac. L’important était que ce cours ne se changeât pas en rapides, et que le manque de profondeur ou de largeur ne le rendît point impraticable. Il n’en était rien ; et, sur un espace de trois milles depuis sa sortie du lac, le rio parut être dans d’excellentes conditions de navigabilité.

Cependant, vers quatre heures du soir, le chemin de la berge dut être abandonné. En effet, la rive droite était coupée par une large et molle fondrière sur laquelle on n’aurait pu s’engager sans risques. Aussi, le plus sage fut-il de se porter à travers la forêt.

Sa boussole à la main, Briant se dirigea alors vers le nord-ouest, de manière à gagner Sloughi-bay par le plus court. Il y eut alors des retards considérables, car les hautes herbes formaient à la surface du sol d’inextricables fouillis. En outre, sous le dôme épais des bouleaux, des pins et des hêtres, l’obscurité se fit presque avec le coucher du soleil.

Deux milles furent parcourus dans ces conditions très fatigantes. Quand on eut contourné la fondrière, qui s’étendait assez profondément vers le nord, le mieux, certainement, eût été de rejoindre le cours du rio, puisque, à s’en rapporter à la carte, il se jetait dans Sloughi-