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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/18

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deux ans de vacances.

un peu moins inquiet, revint prendre sa place au gouvernail. Le schooner, très solidement construit, nouvellement caréné d’une bonne doublure de cuivre, ne faisait point d’eau et devait être en état de résister aux coups de mer.

Il était alors une heure du matin. À ce moment de la nuit, rendue plus obscure encore par l’épaisseur des nuages, la bourrasque se déchaînait furieusement. Le yacht naviguait comme s’il eût été plongé tout entier en un milieu liquide. Des cris aigus de pétrels déchiraient les airs. De leur apparition pouvait-on conclure que la terre fût proche ? Non, car on les rencontre souvent à plusieurs centaines de lieues des côtes. D’ailleurs, impuissants à lutter contre le courant aérien, ces oiseaux des tempêtes le suivaient comme le schooner, dont aucune force humaine n’aurait pu enrayer la vitesse.

Une heure plus tard, un second déchirement se fit entendre à bord. Ce qui restait de la misaine venait d’être lacéré, et des lambeaux de toile s’éparpillèrent dans l’espace, semblables à d’énormes goélands.

« Nous n’avons plus de voile, s’écria Doniphan, et il est impossible d’en installer une autre !

— Qu’importe ! répondit Briant. Sois sûr que nous n’en irons pas moins vite !

— La belle réponse ! répliqua Doniphan. Si c’est là ta manière de manœuvrer…

— Gare aux lames de l’arrière ! dit Moko. Il faut nous attacher solidement, ou nous serons emportés… »

Le mousse n’avait pas achevé sa phrase que plusieurs tonnes d’eau embarquaient par-dessus le couronnement. Briant, Doniphan et Gordon furent lancés contre le capot, auquel ils parvinrent à se cramponner. Mais le mousse avait disparu avec cette masse qui balaya le Sloughi de l’arrière à l’avant, entraînant une partie de la drôme, les deux canots et la yole, bien qu’ils eussent été rentrés en dedans, plus quelques espars, ainsi que l’habitacle de la boussole.