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deux ans de vacances.

— Très vrai, répliqua Service, et ils croquent les enfants comme des souris ! »

Réponse qui ne laissa pas d’inquiéter Costar.

Le demi-mille, entre French-den et Traps-woods, fut rapidement franchi, et les jeunes bûcherons se mirent à la besogne. Leur hache ne s’attaqua qu’aux arbres d’une certaine grosseur, qui furent dégagés des menues branches, afin de s’approvisionner, non de ces fagots qui flambent un instant, mais de bûches qui pourraient alimenter convenablement le fourneau et les poêles. Puis, la table-traîneau en reçut une lourde charge ; mais elle glissait si aisément, et tous tiraient de si bon cœur sur le sol durci, qu’avant midi, elle avait pu faire deux voyages.

Après le déjeuner on reprit le travail, qui ne fut suspendu que vers quatre heures, lorsque le jour vint à baisser. La fatigue était grande, mais, comme il n’y avait nulle nécessité de faire les choses avec excès, Gordon remit la besogne au lendemain. Or, quand Gordon ordonnait, il n’y avait plus qu’à obéir.

D’ailleurs, dès le retour à French-den, on s’occupa de scier ces bûches, de les fendre, de les emmagasiner, et cela dura jusqu’au moment de se coucher.

Pendant six jours, ce charroi fut continué sans relâche, ce qui assura du combustible pour un laps de plusieurs semaines. Il va de soi que toute cette provision n’avait pu trouver place dans Store-room ; mais il n’y avait aucun inconvénient à ce qu’elle restât exposée en plein air au pied du contrefort.

Le 15 juillet, suivant le calendrier, ce jour-là, c’était la Saint-Swithin. Or, en Angleterre, la Saint-Swithin correspond, comme réputation, à la Saint-Médard en France.

« Alors, dit Briant, s’il pleut aujourd’hui nous allons avoir de la pluie pendant quarante jours.

— Ma foi, répondit Service, voilà qui importe peu, puisque nous sommes dans la mauvaise saison. Ah ! si c’était l’été !… »

Et, en vérité, les habitants de l’hémisphère austral n’ont guère à