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deux ans de vacances.

reprit le dessus. De fortes grenasses amenèrent un relèvement très rapide de la température. La neige ne tarda pas à se dissoudre, et la surface du lac se rompit avec un fracas assourdissant. Ceux des glaçons qui ne fondirent pas sur place, s’engagèrent dans le courant du rio, en s’amoncelant les uns sur les autres, et il se fit une embâcle qui ne se dégagea complètement que vers le 10 septembre.

Ainsi s’était écoulé cet hiver. Grâce aux précautions prises, la petite colonie n’avait pas eu trop à souffrir. Tous s’étaient maintenus en bonne santé, et, les études ayant été suivies avec zèle, Gordon n’avait guère eu à sévir contre des récalcitrants.

Un jour, cependant, il avait dû châtier Dole, dont la conduite nécessitait une punition exemplaire.

Bien des fois, l’entêté avait refusé de « faire son devoir » et Gordon l’avait réprimandé, sans qu’il voulût tenir compte de ses observations. S’il ne fut pas mis au pain et à l’eau – ce qui n’entre point dans le système des écoles anglo-saxonnes – il fut condamné à recevoir le fouet.

Les jeunes Anglais, on l’a fait observer, n’éprouvent pas la répugnance que des Français ne manqueraient pas de ressentir sans aucun doute pour ce genre de châtiment. Et, pourtant, à cette occasion, Briant aurait protesté contre cette façon de sévir, s’il n’eût dû respecter les décisions de Gordon. D’ailleurs, là où un écolier français serait honteux, l’écolier anglais n’aurait honte que de paraître redouter une correction corporelle.

Dole reçut donc les quelques coups de verge que lui appliqua Wilcox, désigné par le sort pour ces fonctions d’exécuteur public, et cela fut d’un tel exemple que le cas ne se reproduisit plus.

Au 10 septembre, il y avait six mois que le Sloughi s’était perdu sur les récifs de l’île Chairman.