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deux ans de vacances.

Ainsi s’écoulaient les jours en travaux d’aménagement qui rendirent French-den plus confortable. C’était la meilleure façon d’occuper les heures que l’on ne pouvait utiliser au dehors, tout en ne retranchant rien de celles qui devaient être consacrées au travail.

D’ailleurs, l’équinoxe touchait à sa fin. Le soleil prenait de la force, et le ciel se rassérénait. On était à la mi-octobre. Le sol communiquait sa chaleur aux arbrisseaux et aux arbres qui se préparaient à reverdir.

Maintenant, il était permis de quitter French-den pendant des journées entières. Les vêtements chauds, pantalons de gros drap, tricots ou vareuses de laine, avaient été battus, réparés, pliés, serrés soigneusement dans les coffres, après avoir été étiquetés par Gordon. Les jeunes colons, plus à l’aise sous des habits plus légers, avaient salué avec joie le retour de la belle saison. De plus, il y avait cet espoir qui ne les abandonnait pas – l’espoir de faire quelque découverte de nature à modifier leur situation. Durant l’été, ne pouvait-il se faire qu’un navire visitât ces parages ? Et, s’il passait en vue de l’île Chairman, pourquoi n’y atterrirait-il pas, à la vue du pavillon qui flottait sur la crête d’Auckland-hill ?

Pendant la seconde quinzaine d’octobre, plusieurs excursions furent tentées sur un rayon de deux milles autour de French-den. Les chasseurs y prirent seuls part. L’ordinaire s’en ressentit, bien que, sur la recommandation de Gordon, la poudre et le plomb dussent être sévèrement économisés. Wilcox tendit des lacets, avec lesquels il captura quelques couples de tinamous et d’outardes, et même parfois de ces lièvres maras, qui ressemblent à l’agouti. Fréquemment dans la journée, on allait visiter ces lacets, car les chacals et les paperos ne se faisaient point faute de devancer les chasseurs pour détruire leur gibier. En vérité, c’était enrageant de travailler au profit de ces carnassiers qu’on n’épargnait point à l’occasion. On prit même un certain nombre de ces malfaisantes bêtes dans les anciennes trappes qui avaient été réparées, et dans les nouvelles, établies sur la lisière de la forêt. Quant aux fauves, on en releva encore