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deux ans de vacances.

du but et un seul point, s’il n’y a qu’un seul quoit placé en bonne position.

Ce jour-là, l’animation des joueurs était grande, et par cela même que Doniphan était dans un camp opposé à celui de Briant, chacun y mettait un amour-propre extraordinaire.

Deux parties avaient déjà été jouées. Briant, Baxter, Service et Garnett avaient gagné la première, ayant marqué sept points, tandis que leurs adversaires n’avaient gagné la seconde qu’avec six.

Ils étaient alors en train de jouer « la belle ». Or, les deux camps étant arrivés chacun à cinq points, il ne restait plus que deux quoits à lancer.

« À ton tour, Doniphan, dit Webb, et vise bien ! Nous en sommes à notre dernier quoit, et il s’agit de gagner !

— Sois tranquille ! » répondit Doniphan.

Et il se mit en attitude, les pieds bien placés l’un en avant de l’autre, la main droite tenant la rondelle, le corps légèrement incliné, le buste portant sur le flanc gauche, afin de mieux assurer son jet.

On voyait que ce vaniteux garçon y allait de toute son âme, comme on dit, les dents serrées, les joues un peu pâles, le regard vif sous son sourcil froncé.

Après avoir soigneusement visé en balançant sa rondelle, il la projeta horizontalement et vigoureusement, car le but était placé à une cinquantaine de pieds.

La rondelle n’atteignit le hob que par son bord externe, et, au lieu d’emboîter la tête de la cheville, elle tomba à terre – ce qui ne donna que six points au total.

Doniphan ne put retenir un geste de dépit et frappa du pied avec colère.

« C’est fâcheux, dit Cross, mais nous n’avons pas perdu pour cela, Doniphan !

— Non certes ! ajouta Wilcox. Ton quoit est au pied même du hob, et, à moins que Briant n’emboîte le sien, je le défie bien de faire mieux ! »