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deux ans de vacances.

Il va sans dire que Doniphan et Cross avaient emporté leurs fusils, afin de tirer quelque gibier, si l’occasion s’en présentait. Quant à Briant et à Gordon, qui n’avaient jamais eu de goût pour ce genre de sport, ils n’étaient venus là que dans l’intention d’empêcher les imprudences.

Sans contredit, les plus adroits patineurs de la colonie étaient Doniphan, Cross, – Jacques surtout qui l’emportait tant pour sa vitesse de déplacement que pour la précision avec laquelle il traçait des courbes compliquées.

Avant de donner le signal du départ, Briant réunit ses camarades et leur dit :

« Je n’ai pas besoin de vous recommander d’être sages et de mettre de côté tout amour-propre ! S’il n’y a pas à craindre que la glace se casse, il y a toujours à craindre de se casser un bras ou une jambe ! Ne vous éloignez pas hors de la vue ! Dans le cas où il vous arriverait d’être entraînés trop loin, n’oubliez pas que Gordon et moi, nous vous attendons en cet endroit. Ainsi, lorsque je donnerai le signal avec mon cornet, chacun devra se mettre en mesure de nous rejoindre ! »

Ces recommandations faites, les patineurs s’élancèrent sur le lac, et Briant fut rassuré en les voyant déployer une réelle habileté. S’il y eut d’abord quelques chutes, elles ne provoquèrent que des éclats de rire.

En vérité, Jacques faisait merveille en avant, en arrière, sur un pied, sur deux, debout ou accroupi, décrivant des cercles et des ellipses avec une régularité parfaite. Et quelle satisfaction c’était pour Briant de voir son frère prendre part aux jeux des autres !

Il est probable que Doniphan, le sportsman si passionné pour tous les exercices du corps, ressentait quelque jalousie des succès de Jacques, auquel on applaudissait de bon cœur. Aussi ne tarda-t-il pas à s’éloigner de la rive, malgré les instantes recommandations de Briant. Et même, à un certain moment, il fit signe à Cross de venir le rejoindre.