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deux ans de vacances.

— Qu’en penses-tu, Doniphan ? » demanda Cross.

Doniphan réfléchissait à cette proposition qui offrait de réels avantages.

« Tu as raison, Wilcox, répondit-il, et, en s’embarquant dans la yole que conduirait Moko…

— À la condition que Moko y consentît, fit observer Webb d’un ton dubitatif.

— Et pourquoi n’y consentirait-il pas ? répondit Doniphan. N’ai-je pas le droit de lui donner un ordre comme Briant ? D’ailleurs, il ne s’agirait que de nous piloter à travers le lac…

— Il faudra bien qu’il obéisse ! s’écria Cross. Si nous étions obligés de transporter par terre tout notre matériel, cela n’en finirait pas ! J’ajoute que le chariot ne trouverait peut-être point passage à travers la forêt ? Donc, servons-nous de la yole…

— Et si l’on refuse de nous la donner, cette yole ? reprit Webb en insistant.

— Refuser ? s’écria Doniphan. Et qui refuserait ?…

— Briant !… N’est-il pas le chef de la colonie !

— Briant !… refuser !… répéta Doniphan. Est-ce que cette embarcation lui appartient plus qu’à nous ?… Si Briant se permettait de refuser… »

Doniphan n’acheva pas ; mais on sentait que, ni sur ce point ni sur aucun autre, l’impérieux garçon ne se soumettrait aux injonctions de son rival.

Au surplus, ainsi que le fit observer Wilcox, il était inutile de discuter à ce sujet. Dans son opinion, Briant laisserait à ses camarades toute facilité pour s’installer à Bear-rock, et ce n’était pas la peine de se monter la tête. Restait à décider si l’on retournerait immédiatement à French-den.

« Cela me paraît indispensable ! dit Cross.

— Alors, dès demain ?… demanda Webb.

— Non, répondit Doniphan. Avant de partir, je voudrais pousser une pointe au-delà de la baie, afin de reconnaître la partie nord de l’île. En