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deux ans de vacances.

« On lui mettra une longue queue ! disait l’un.

— Et de grandes oreilles ! répétait l’autre.

— On peindra dessus un magnifique « punch »[1] qui gigotera joliment là-haut !

— Et nous lui enverrons des postillons ! »

C’était une vraie joie ! Et, de fait, là où ces enfants ne voyaient qu’une distraction, il y avait une idée très sérieuse, et il était permis d’espérer qu’elle produirait d’heureux résultats.

Baxter et Briant se mirent donc à l’œuvre, le surlendemain même du jour où Doniphan et ses trois compagnons avaient abandonné French-den.

« Par exemple, s’écria Service, ce seront eux qui ouvriront l’œil, lorsqu’ils apercevront une pareille machine ! Quel malheur que mes Robinsons n’aient jamais eu la pensée de lancer un cerf-volant dans l’espace !

— Est-ce qu’on pourra l’apercevoir de tous les points de notre île ? demanda Garnett.

— Non seulement de notre île, répondit Briant, mais d’une grande distance sur les parages environnants.

— Le verra-t-on d’Auckland ?… s’écria Dole.

— Hélas, non ! répondit Briant en souriant de la réflexion. Après tout, quand Doniphan et les autres le verront, peut-être cela les engagera-t-il à revenir ! »

On le voit, le brave garçon ne songeait qu’aux absents et ne désirait qu’une chose, c’est que cette funeste séparation prît fin au plus vite.

Ce jour-là et les jours suivants furent employés à la construction du cerf-volant, auquel Baxter proposa de donner une forme octogone. L’armature, légère et résistante, fut faite avec une sorte de roseaux très rigides qui poussaient sur les bords du Family-lake. Elle était assez forte pour supporter l’effort d’une brise ordinaire. Sur cette armature, Briant fit tendre une des légères toiles, enduites de

  1. Polichinelle.