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deux ans de vacances.

La yole rangea la berge et Briant sauta à terre, après avoir recommandé à Moko de l’attendre. Il avait à la main son coutelas, à la ceinture son revolver dont il était bien décidé à ne se servir qu’à la dernière extrémité, afin d’agir sans bruit.

Après avoir gravi la berge, le courageux garçon se glissa sous les arbres.

Tout à coup, il s’arrêta. À une vingtaine de pas, dans la demi-clarté que le foyer répandait encore, il lui semblait entrevoir une ombre, qui rampait entre les herbes comme il l’avait fait lui-même.

En ce moment, éclata un rugissement formidable. Puis, une masse bondit en avant.

C’était un jaguar de grande taille. Aussitôt ces cris de se faire entendre :

« À moi !… À moi ! »

Briant reconnut la voix de Doniphan. C’était lui, en effet. Ses compagnons étaient restés à leur campement établi près de la rive du rio.

Doniphan, renversé par le jaguar, se débattait, sans pouvoir faire usage de ses armes.

Wilcox, réveillé par ses cris, accourut, son fusil épaulé, prêt à faire feu…

« Ne tire pas !… Ne tire pas !… » cria Briant.

Et, avant que Wilcox eût pu l’apercevoir, Briant se précipita sur le fauve, qui se retourna contre lui, tandis que Doniphan se relevait lestement.

Par bonheur, Briant put se jeter de côté, après avoir frappé le jaguar de son coutelas. Cela fut fait si rapidement que ni Doniphan ni Wilcox n’eurent le temps d’intervenir. L’animal, atteint mortellement était tombé, à l’instant où Webb et Cross s’élançaient au secours de Doniphan.

Mais la victoire avait failli coûter cher à Briant, dont l’épaule saignait, déchirée d’un coup de griffe.

« Comment es-tu ici ? s’écria Wilcox..