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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/432

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deux ans de vacances.

Oui, Kate ! j’eusse préféré mourir que de revenir au campement avec ces bandits !

« Cependant j’espérais que cette damnée poursuite cesserait avec la nuit !… Il n’en fut rien. Déjà, j’avais dépassé la pointe du lac, je remontais de l’autre côté, mais je sentais toujours Forbes et Rock sur mes talons. L’orage, qui menaçait depuis quelques heures, éclata alors. Il rendit ma fuite plus difficile, car, à la lueur des éclairs, ces coquins pouvaient m’apercevoir entre les roseaux de la berge. Enfin, j’étais arrivé à une centaine de pas du rio… Si je parvenais à le mettre entre moi et ces gredins, je me regardais comme sauvé ! Jamais ils ne se hasarderaient à le franchir, sachant bien qu’ils étaient dans le voisinage de French-den.

« Je courus donc, et j’allais atteindre la rive gauche du cours d’eau, lorsqu’un dernier éclair vint illuminer l’espace. Aussitôt une détonation retentit…

— Celle que nous avons entendue ?… dit Doniphan.

— Évidemment ! reprit Evans. Une balle m’effleura l’épaule… Je bondis et me précipitai dans le rio… En quelques brasses, je fus sur l’autre bord, caché entre les herbes, tandis que Rock et Forbes, arrivés sur la rive opposée, disaient : « Crois-tu l’avoir touché ? — J’en réponds ! — Alors, il est par le fond ? — Pour sûr, et, à cette heure, mort et bien mort ! — Bon débarras ! » Et ils déguerpirent.

« Oui ! bon débarras… pour moi comme pour Kate ! Ah ! gueux ! Vous verrez si je suis mort !… Quelques instants après, je me dégageai des herbes, et me dirigeai vers l’angle de la falaise… Des aboiements arrivèrent jusqu’à moi… J’appelai… La porte de French-den s’ouvrit… Et maintenant, ajouta Evans, en tendant la main dans la direction du lac, à nous, mes garçons, d’en finir avec ces misérables et d’en débarrasser votre île ! »

Et il prononça ces paroles avec une telle énergie que tous s’étaient levés, prêts à le suivre.

Il fallut alors faire à Evans le récit de ce qui s’était passé depuis