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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/457

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deux ans de vacances.

pas douteux, maintenant, que Walston emploierait la force, puisque la ruse avait échoué. Rock, échappé au coup de feu du master, avait dû le rejoindre et lui apprendre que, ses agissements étant découverts, il ne pourrait plus pénétrer dans French-den sans en forcer les portes.

Dès l’aube, Evans, Briant, Doniphan et Gordon sortirent du hall, en se tenant sur leurs gardes. Avec le lever du soleil, les brumes matinales se condensaient peu à peu et découvraient le lac que ridait une légère brise de l’est.

Tout était tranquille aux abords de French-den, du côté du rio Zealand aussi bien que du côté de Traps-woods. À l’intérieur de l’enclos, les animaux domestiques allaient et venaient comme à l’ordinaire. Phann, qui courait sur Sport-terrace, ne donnait aucun signe d’inquiétude.

Avant tout, Evans se préoccupa de savoir si le sol portait des empreintes de pas. En effet, des traces y furent relevées en grand nombre, – surtout près de French-den. Elles se croisaient en sens divers et indiquaient bien que, pendant la nuit, Walston et ses compagnons s’étaient avancés jusqu’au rio, attendant que la porte de Store-room leur fût ouverte.

Quant à des taches de sang, on n’en vit aucune sur le sable, — preuve que Rock n’avait pas même été blessé par le coup de fusil du master.

Mais une question se posait : Walston était-il venu, comme les faux naufragés, par le sud du Family-lake, ou n’avait-il point plutôt gagné French-den, en descendant par le nord ? Dans ce cas, ce devait être du côté de Traps-woods que Rock se serait enfui pour le rejoindre ?

Or, comme il importait d’éclaircir ce fait, il fut décidé que l’on interrogerait Forbes afin de savoir quelle route Walston avait suivie. Forbes consentirait-il à parler, et, s’il parlait, dirait-il la vérité ? Par reconnaissance de ce que Kate lui avait sauvé la vie, quelque bon sentiment se réveillerait-il au fond de son cœur ? Oublierait-il que c’était