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deux ans de vacances.

pas une percée, pas une sente. De vieux troncs, abattus par l’âge, gisaient sur le sol, et Briant et Gordon enfonçaient jusqu’au genou dans le tapis des feuilles mortes. Toutefois, les oiseaux s’enfuyaient craintivement, comme s’ils eussent appris déjà à se défier des êtres humains. Ainsi il était probable que cette côte, si elle n’était pas habitée, recevait accidentellement la visite des indigènes d’un territoire voisin.

En dix minutes, les deux garçons eurent traversé ce bois, dont l’épaisseur s’accroissait dans le voisinage du revers rocheux qui se dressait comme une muraille à pic sur une hauteur moyenne de cent quatre-vingts pieds. Le soubassement de ce revers présenterait-il quelque anfractuosité dans laquelle il serait possible de trouver un abri. C’eût été fort désirable. Là, en effet, une caverne, protégée contre les vents du large par le rideau d’arbres et hors des atteintes de la mer, même par les gros temps, eût offert un excellent refuge. Là, les jeunes naufragés auraient pu s’installer provisoirement, en attendant qu’une plus sérieuse exploration de la côte leur permît de s’aventurer avec sécurité vers l’intérieur du pays.

Malheureusement, dans ce revers, aussi abrupte qu’une courtine de fortification, Gordon et Briant ne découvrirent aucune grotte, pas même une coupure par laquelle on eût pu s’élever jusqu’à sa crête. Pour gagner l’intérieur du territoire, il faudrait, probablement, contourner cette falaise, dont Briant avait reconnu la disposition lorsqu’il l’observait des barres du Sloughi.

Pendant une demi-heure environ, tous deux redescendirent vers le sud en longeant la base de la falaise. Ils atteignirent alors la rive droite du rio, qui remontait sinueusement dans la direction de l’est. Si cette rive était ombragée de beaux arbres, l’autre bordait une contrée d’un aspect très différent, sans verdure, sans accidents de terrain. On eût dit un vaste marécage qui se développait jusqu’à l’horizon du sud.

Déçus dans leur espoir, n’ayant pu s’élever au sommet de la falaise, d’où, sans doute, il leur eût été permis d’observer le pays sur un