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deux ans de vacances.

— Bien !… Bien !… répondit Briant. Mais il ne s’agit pas de jouer, et nous ne donnerons des lignes qu’aux pêcheurs sérieux !…

— Sois tranquille, Briant ! répondit Iverson. Nous ferons cela comme un devoir…

— Bien, mais commençons par inventorier ce que contient notre yacht, dit Gordon. Il ne faut pas songer seulement à la nourriture…

— On pourrait toujours récolter des mollusques pour le déjeuner ! fit observer Service.

— Soit ! répondit Gordon. Allez, les petits, à trois ou quatre ! – Moko, tu les accompagneras.

— Oui, monsieur Gordon.

— Et tu veilleras bien sur eux ! ajouta Briant.

— N’ayez crainte ! »

Le mousse, sur lequel on pouvait compter, garçon très serviable, très adroit, très courageux, devait rendre de grands services aux jeunes naufragés. Il était particulièrement dévoué à Briant, qui, de son côté, ne cachait point la sympathie que lui inspirait Moko – sympathie dont ses camarades anglo-saxons auraient eu honte sans doute.

« Partons ! s’écria Jenkins.

— Tu ne les accompagnes pas, Jacques ? » demanda Briant en s’adressant à son frère.

Jacques répondit négativement.

Jenkins, Dole, Costar, Iverson partirent donc sous la conduite de Moko, et remontèrent le long des récifs que la mer venait de laisser à sec. Peut-être, dans les interstices des roches, pourraient-ils récolter une bonne provision de mollusques, moules, clovisses, huîtres même, et, crus ou cuits, ces coquillages apporteraient un appoint sérieux au déjeuner du matin. Ils s’en allaient en gambadant, voyant dans cette excursion moins l’utilité que le plaisir. C’était bien de leur âge, et c’est à peine s’il leur restait le souvenir des épreuves par lesquelles ils venaient de passer, ni le souci des dangers dont les menaçait l’avenir.