Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
deux ans de vacances.

mèches d’amadou, et les briquets leur suffiraient pour un long temps, et ils pouvaient être rassurés à cet égard.

À bord, se trouvaient aussi des cartes à grands points ; mais elles étaient spéciales aux côtes de l’archipel Néo-Zélandais – inutiles, par conséquent, pour ces parages inconnus. Par bonheur, Gordon avait emporté un de ces Atlas généraux qui comprennent la géographie de l’Ancien et du Nouveau Monde, et précisément l’Atlas de Stieler, qui paraît être ce que la géographie moderne compte de plus parfait en ce genre. Puis, la bibliothèque du yacht possédait un certain nombre de bons ouvrages anglais et français, surtout des récits de voyage et quelques bouquins de science, sans parler des deux fameux Robinsons que Service eût sauvés, comme autrefois Camoëns sauva ses Lusiades – ce que Garnett avait fait de son côté pour son fameux accordéon, sorti sain et sauf des chocs de l’échouage. Enfin, après tout ce qu’il fallait pour lire, il y avait tout ce qu’il fallait pour écrire, plumes, crayons, encre, papier, et aussi un calendrier de l’année 1860, sur lequel Baxter fut chargé d’effacer successivement chaque jour écoulé.

« C’est le 10 mars, dit-il, que notre pauvre Sloughi a été jeté à la côte !… J’efface donc ce 10 mars, ainsi que tous les jours de 1860 qui l’ont précédé. »

À mentionner aussi une somme de cinq cents livres en or qui fut trouvée dans le coffre-fort du yacht. Peut-être cet argent aurait-il son emploi, si les jeunes naufragés parvenaient à atteindre quelque port d’où ils pourraient se faire rapatrier.

Gordon s’occupa alors de relever minutieusement le compte des divers barils arrimés dans la cale. Plusieurs de ces barils, remplis de gin, d’ale ou de vin, s’étaient défoncés pendant le talonnement contre les récifs, et leur contenu avait fui par les bordages disjoints. C’était là une perte irréparable, et il faudrait le plus possible ménager ce qui en restait.

En somme, dans la cale du schooner il y avait encore cent gallons