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deux ans de vacances.

— Que diable ! Gordon, répliqua Doniphan, en remontant vers le nord, en redescendant vers le sud, en nous dirigeant vers l’est, nous finirions bien par arriver…

— Oui, si nous sommes sur un continent, dit Briant ; non, si nous sommes sur une île et que cette île soit déserte !

— C’est pourquoi, répondit Gordon, il convient de reconnaître ce qui est. Quant à abandonner le Sloughi, sans nous être assurés s’il y a ou non une mer dans l’est…

— Eh ! c’est lui qui nous abandonnera ! s’écria Doniphan, toujours enclin à s’entêter dans ses idées. Il ne pourra résister aux bourrasques de la mauvaise saison sur cette grève !

— J’en conviens, répliqua Gordon, et cependant, avant de s’aventurer à l’intérieur, il est indispensable de savoir où l’on va ! »

Gordon avait si manifestement raison que Doniphan dut se rendre bon gré mal gré.

« Je suis prêt à aller en reconnaissance, dit Briant.

— Moi aussi, répondit Doniphan.

— Nous le sommes tous, ajouta Gordon ; mais, comme il serait imprudent d’entraîner les petits dans une exploration qui peut être longue et fatigante, deux ou trois de nous suffiront, je pense.

— Il est bien regrettable, fit alors observer Briant, qu’il n’y ait pas une haute colline du sommet de laquelle on pourrait observer le territoire. Par malheur, nous sommes sur une terre basse, et, du large, je n’y ai point aperçu une seule montagne, même à l’horizon. Il semble qu’il n’y ait d’autres hauteurs que cette falaise qui s’élève en arrière de la grève. Au-delà, sans doute, ce sont des forêts, des plaines, des marécages, au travers desquels coule ce rio dont nous avons exploré l’embouchure.

— Il serait pourtant utile de prendre une vue de cette contrée, répondit Gordon, avant de tenter de contourner la falaise, où Briant et moi avons vainement cherché une caverne !

— Eh bien, pourquoi ne pas se rendre au nord de la baie ? dit Briant, il me semble qu’en gravissant le cap qui la ferme, on verrait au loin…