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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/86

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deux ans de vacances.

dement le Sloughi, afin d’allumer un grand feu sur la grève. Et alors… après le soleil couché…

En réfléchissant ainsi, Briant ne cessait d’observer les trois points noirs. Quelle fut sa déconvenue, lorsqu’il eut constaté qu’ils ne se déplaçaient pas.

Sa lunette fut braquée de nouveau, et, pendant quelques minutes, il les tint dans le champ de l’objectif… Il ne tarda pas à le reconnaître, ce n’étaient que trois petits îlots, situés dans l’ouest du littoral, à proximité desquels le schooner avait dû passer, lorsque la tempête l’entraînait vers la côte, mais qui étaient restés invisibles au milieu des brumes.

La déception fut grande.

Il était deux heures. La mer commençait à se retirer, laissant à sec le cordon des récifs du côté de la falaise. Briant, songeant qu’il était temps de revenir au Sloughi, se prépara à redescendre au pied du morne.

Cependant, il voulut encore une fois parcourir l’horizon de l’est. Par suite de la position plus oblique du soleil, peut-être apercevrait-il quelque autre point du territoire qu’il ne lui avait pas été donné de voir jusqu’à ce moment.

Une dernière observation fut donc faite dans cette direction avec une minutieuse attention, et Briant n’eut pas à regretter d’avoir pris ce soin.

En effet, à la plus lointaine portée de sa vue, au-delà du dernier rideau de verdure, il distingua très nettement une ligne bleuâtre, qui se prolongeait du nord au sud, sur une étendue de plusieurs milles, et dont les deux extrémités se perdaient derrière la masse confuse des arbres.

« Qu’est-ce donc ? » se demanda-t-il.

Il regarda avec plus d’attention encore.

« La mer !… Oui !… C’est la mer ! »

Et la lunette faillit lui échapper des mains.

Puisque la mer s’étendait à l’est, plus de doute ! Ce n’était pas un continent sur lequel le Sloughi avait fait côte, c’était une île, une