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deux ans de vacances.

Briant se montrait si affirmatif qu’il n’eût pas été raisonnable de conserver le moindre doute à ce sujet.

Cependant, ainsi qu’il le faisait toujours quand il discutait avec lui, Doniphan s’obstina dans son idée.

« Et moi, je répète, reprit-il, que Briant a pu se tromper, et, tant que nous n’aurons pas vu de nos yeux…

— C’est ce que nous ferons, répondit Gordon, car il faut savoir à quoi s’en tenir.

— Et j’ajoute que nous n’avons pas un jour à perdre, dit Baxter, si nous voulons partir avant la mauvaise saison, dans le cas où nous serions sur un continent !

— Dès demain, à condition que le temps le permette, reprit Gordon, nous entreprendrons une excursion qui durera sans doute plusieurs jours. Je dis, s’il fait beau, car se risquer à travers ces épaisses forêts de l’intérieur, par mauvais temps, serait un acte de folie…

— Convenu, Gordon, répondit Briant, et, lorsque nous aurons atteint le littoral opposé de l’île…

— Si c’est une île !… s’écria Doniphan, qui ne se gêna pas pour hausser les épaules.

— C’en est une ! répliqua Briant avec un geste d’impatience. Je ne me suis pas trompé !… J’ai distinctement aperçu la mer dans la direction de l’est !… Il plaît à Doniphan de me contredire, suivant son habitude…

— Eh ! tu n’es pas infaillible, Briant !

— Non ! je ne le suis pas ! Mais, cette fois, on verra si j’ai commis une erreur ! J’irai moi-même reconnaître cette mer, et si Doniphan veut m’accompagner…

— Certainement, j’irai !…

— Et nous aussi ! s’écrièrent trois ou quatre des grands.

— Bon !… bon !… repartit Gordon, modérons-nous, mes camarades ! Si nous ne sommes encore que des enfants, tâchons d’agir en hommes ! Notre situation est grave, et une imprudence pourrait la rendre plus grave encore. Non ! il ne faut pas nous aventurer tous