Page:Verne - Face au drapeau, Hetzel, 1915.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

95
où suis-je ?

Enfin… ce n’est point une illusion… Un léger roulis me berce et me donne la certitude que je ne suis point à terre… bien qu’il soit peu sensible, sans choc, sans à-coups… C’est plutôt une sorte de glissement à la surface des eaux…

Réfléchissons avec sang-froid. Je suis à bord d’un des navires mouillés à l’embouchure de la Neuze, et qui attendait sous voile ou sous vapeur le résultat de l’enlèvement. Le canot m’y a transporté ; mais, je le répète, je n’ai point eu la sensation qu’on me hissait par-dessus des bastingages… Ai-je donc été glissé à travers un sabord percé dans la coque ? Peu importe, après tout ! Que l’on m’ait ou non descendu à fond de cale, je suis sur un appareil flottant et mouvant…

Sans doute, la liberté me sera bientôt rendue, ainsi qu’à Thomas Roch, — en admettant qu’on l’ait enfermé avec autant de soin que moi. Par liberté, j’entends la faculté d’aller à ma convenance sur le pont de ce bâtiment. Toutefois, ce ne sera pas avant quelques heures, car il ne faut pas que nous puissions être aperçus. Donc, nous ne respirerons l’air du dehors qu’à l’heure où le bâtiment aura gagné