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face au drapeau.

grecque, quand je l’ai entendu appeler Serkö — l’ingénieur Serkö — par le capitaine de l’Ebba.

Quant à ce dernier, il se nomme Spade, — le capitaine Spade, — et ce nom a bien l’air d’être de provenance italienne. Ainsi un Grec, un Italien, un équipage composé de gens recrutés en tous les coins du globe, et embarqués sur une goélette à nom norvégien… ce mélange me paraît, à bon droit, suspect.

Et le comte d’Artigas, avec son nom espagnol, son type asiatique… d’où vient-il ?…

Le capitaine Spade et l’ingénieur Serkö s’entretiennent à voix basse. Le premier surveille de près l’homme de barre, qui ne semble pas avoir à se préoccuper des indications du compas placé dans l’habitacle devant ses yeux. Il paraît plutôt obéir aux gestes de l’un des matelots de l’avant, qui lui indique s’il doit venir sur tribord ou sur bâbord.

Thomas Roch est là, près du roufle… Il regarde cette immense mer déserte, qu’aucun contour de terre ne limite à l’horizon. Deux matelots, placés près de lui, ne le perdent pas de vue. Ne pouvait-on tout craindre de ce fou, — même qu’il se jetât par-dessus le bord ?…