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face au drapeau

son affaissement moral s’accentuait chaque jour et lui enlevait la complète responsabilité de ses actes.

Thomas Roch fut donc éconduit. Peut-être alors eût-il convenu d’empêcher qu’il portât son invention autre part… On ne le fit pas, et ce fut un tort.

Ce qui devait arriver, arriva. Sous une irritabilité croissante, les sentiments de patriotisme, qui sont de l’essence même du citoyen, — lequel avant de s’appartenir appartient à son pays, — ces sentiments s’éteignirent dans l’âme de l’inventeur déçu. Il songea aux autres nations, il franchit la frontière, il oublia l’inoubliable passé, il offrit le Fulgurateur à l’Allemagne.

Là, dès qu’il sut quelles étaient les exorbitantes prétentions de Thomas Roch, le gouvernement refusa de recevoir sa communication. Au surplus, la Guerre venait de mettre à l’étude la fabrication d’un nouvel engin balistique et crut pouvoir dédaigner celui de l’inventeur français.

Alors, chez celui-ci, la colère se doubla de haine, — une haine d’instinct contre l’humanité, — surtout après que ses démarches eu-