demande de mise en accusation contre le gouverneur lord Aylmer ! »
M. de Vaudreuil réfléchit quelques instants à ce qu’il venait d’entendre, et s’adressant au notaire :
« Ainsi, mon cher Nick, dit-il, vous voyez une corrélation entre ces diverses manifestations et l’envoi de l’argent aux comités réformistes ?…
— Moi, monsieur de Vaudreuil, répliqua maître Nick, je ne vois rien du tout ! Je ne suis pas un homme politique !… Je ne suis qu’un simple officier ministériel !… Je n’ai fait que restituer les sommes dont j’avais reçu le dépôt, et suivant la destination indiquée !… Je vous dis les choses comme elles sont, et vous laisse le soin d’en tirer les conséquences.
— Bon !… mon prudent ami ! répondit M. de Vaudreuil, en souriant. Nous ne vous compromettrons pas. Mais enfin, si vous êtes venu aujourd’hui à la villa Montcalm…
— C’est pour faire une troisième fois, monsieur de Vaudreuil, ce que j’ai fait deux fois déjà. Ce matin, 3 septembre, j’ai été avisé : 1o de disposer du restant de la somme qui m’avait été remise — soit cinquante mile piastres ; 2o de la remettre entre les mains du président du comité de Laval. C’est pourquoi, M. de Vaudreuil étant président dudit comité, je suis venu lui apporter ladite somme pour solde de compte. Maintenant, à quel usage doit-elle être employée ? je ne le sais pas et ne désire point le savoir. C’est entre les mains du président mentionné dans la lettre que j’ai opéré le versement, et si je ne la lui ai point envoyée par la poste, si j’ai préféré l’apporter moi-même, c’est que c’était une occasion de revoir mon ami M. de Vaudreuil et Mlle Clary, sa fille ! »
Maître Nick avait pu faire son récit sans être interrompu. Et alors, ayant dit ce qu’il avait à dire, il se leva, s’approcha de la baie ouverte sur la terrasse et examina les embarcations qui remontaient ou descendaient le fleuve.
M. de Vaudreuil, plongé dans ses réflexions, gardait le silence. Un même travail de déduction se faisait dans l’esprit de sa fille. Il n’était