Ben-Zouf était l’ordonnance du capitaine Servadac.
« Mon capitaine, répondit Ben-Zouf.
— As-tu fait des vers quelquefois ?
— Non, mon capitaine, mais j’en ai vu faire !
— Et par qui ?
— Par le pitre d’une baraque de somnambule, un soir, à la fête de Montmartre.
— Et tu les as retenus, ces vers de pitre ?
— Les voici, mon capitaine :
Entrez ! C’est le bonheur suprême,
Et vous en sortirez charmé !
Ici l’on voit celle qu’on aime,
Et celle que l’on est aimé !
— Mordioux ! Ils sont détestables, tes vers !
— Parce qu’ils ne sont pas enroulés autour d’un mirliton, mon capitaine ! Sans cela, ils en vaudraient bien d’autres !
— Tais-toi, Ben-Zouf ! s’écria Hector Servadac. Tais-toi ! Je tiens enfin ma troisième et ma quatrième rime ! »
En vérité ! lorsque l’on aime,
C’est simplement…
Et fiez-vous à l’amour même
Plus qu’au serment !
Mais tout l’effort poétique du capitaine Servadac ne put le mener au-delà, et quand, à six heures, il fut de retour au gourbi, il ne tenait encore que son premier quatrain.