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vingt-deux manquaient à l’appel, et cela avait été mentionné sur le rapport.

On a dit que l’îlot, — reste d’un énorme massif qui s’élevait à une hauteur de deux mille quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer, — maintenant occupé par treize Anglais, était le seul point solide qui apparût hors des eaux de ces parages. Ceci n’est pas tout à fait exact. En effet, un second îlot, presque semblable au premier, émergeait dans le sud, à vingt kilomètres de distance environ. C’était la partie supérieure d’un massif qui faisait autrefois le pendant de celui des Anglais. Le même cataclysme les avait réduits tous les deux à ne plus être que deux rochers à peine habitables.

Ce second îlot était-il désert, ou servait-il de refuge à quelque survivant de la catastrophe ? C’est ce que se demandèrent les officiers anglais, et, très-probablement, entre deux coups de leur partie d’échecs, ils traitèrent à fond cette question. Elle leur parut même assez importante pour être complètement élucidée, car, un jour, profitant d’un beau temps, ils s’embarquèrent dans le canot, traversèrent le bras de mer qui séparait les deux îlots, et ils ne revinrent que trente-six heures après.

Était-ce un sentiment d’humanité qui les conduisit à explorer ce rocher ? Était-ce un intérêt de toute autre nature ? Ils ne dirent rien du résultat de leur excursion, pas même au caporal Pim. L’îlot était-il