Ce fut Hector Servadac qui, impétueux comme un Français, leur adressa le premier la parole.
« Ah ! messieurs, s’écria-t-il, Dieu soit loué ! Vous avez, comme nous, échappé au désastre, et nous sommes heureux de pouvoir serrer la main à deux de nos semblables ! »
Les officiers anglais, qui n’avaient pas fait un seul pas, ne firent pas même un seul geste.
« Mais, reprit Hector Servadac, sans même remarquer cette superbe raideur, avez-vous des nouvelles de la France, de la Russie, de l’Angleterre, de l’Europe ? Où s’est arrêté le phénomène ? Êtes-vous en communication avec la mère-patrie ? Avez-vous ?…
— À qui avons-nous l’honneur de parler ? demanda le brigadier Murphy, en se développant de manière à ne pas perdre un pouce de sa taille.
— C’est juste, dit le capitaine Servadac, qui fit un imperceptible mouvement d’épaule, nous n’avons pas encore été présentés les uns aux autres. »
Puis, se retournant vers son compagnon, dont la réserve russe égalait la froideur britannique des deux officiers :
« M. le comte Wassili Timascheff, dit-il.
— Le major sir John Temple Oliphant, » répondit le brigadier en présentant son collègue.
Le Russe et l’Anglais se saluèrent.
« Le capitaine d’état-major Hector Servadac, dit à son tour le comte Timascheff.