le capitaine Servadac et ses compagnons avaient franchi les deux kilomètres annoncés par Ben-Zouf. Ils étaient arrivés alors près d’un vaste fourré de sycomores et d’eucalyptus, pittoresquement massés au pied d’un monticule. Là, tous s’arrêtèrent.
« Ah ! les gueux ! les bandits ! les bédouins ! s’écria Ben-Zouf, en frappant le soi du pied.
— Parles-tu encore des oiseaux ? demanda le capitaine Servadac.
— Eh ! non, mon capitaine ! Je parle de ces satanés fainéants qui ont encore abandonné leur travail ! Voyez plutôt ! »
Et Ben-Zouf montrait divers outils, tels que faucilles, râteaux, faux, épars sur le sol.
« Ah çà, maître Ben-Zouf, me diras-tu enfin de quoi ou de qui il s’agit ? demanda le capitaine Servadac, que l’impatience commençait à gagner.
— Chut, mon capitaine, écoutez, écoutez ! répondit Ben-Zouf. Je ne me trompais pas. »
Et, en prêtant l’oreille, Hector Servadac et ses deux compagnons purent entendre une voix qui chantait, une guitare qui grinçait, des castagnettes qui cliquetaient avec une mesure parfaite.
« Des Espagnols ! s’écria le capitaine Servadac.
— Et qui voulez-vous que ce soit ? répondit Ben-Zouf. Ces gens-là « castagneteraient » à la bouche d’un canon !
— Mais comment se fait-il ?…
— Écoutez encore ! C’est maintenant le tour du vieux. »