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humain ? Comment auraient-ils oublié que la terre, gravitant déjà à des millions de lieues de Gallia, s’en éloignait toujours ? Pouvaient-ils supposer qu’ils la reverraient jamais puisque ce bloc, détaché d’elle, s’enfonçait de plus en plus dans les espaces interplanétaires ? Rien ne prouvait même qu’il n’abandonnerait pas un jour ces espaces, qui sont soumis au pouvoir de l’astre radieux, pour courir le monde sidéral et se mouvoir dans le centre d’attraction de quelque nouveau soleil.

Le comte Timascheff, le capitaine Servadac et le lieutenant Procope étaient évidemment les seuls de la colonie gallienne qui pussent songer à ces éventualités. Toutefois, leurs compagnons, sans pénétrer aussi profondément les secrets et les menaces de l’avenir, subissaient, et comme à leur insu, les effets d’une situation sans précédent dans les annales du monde. Il fallut donc s’ingénier, à les distraire, soit en les instruisant, soit en les occupant, soit en les amusant, et l’exercice du patinage fit une heureuse diversion aux monotones travaux de chaque jour.

Lorsqu’on a dit que tous les habitants de la Terre-Chaude prenaient plus ou moins part à ce salutaire exercice, c’était, bien entendu, en exceptant Isac Hakhabut.

En effet, malgré la rigueur de la température, Hakhabut n’avait pas reparu depuis son arrivée de l’île Gourbi. Le capitaine Servadac, ayant rigoureusement