Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/39

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choc plus violent que s’il ne se fût élevé qu’à quatre ou cinq pieds de hauteur.

« Ah çà ! s’écria Ben-Zouf, en éclatant de rire, nous voilà donc passés clowns, mon capitaine ! »

Hector Servadac, après quelques instants de réflexion, s’avança vers son ordonnance, et lui mettant la main sur l’épaule :

« Ne t’envole plus, Ben-Zouf, lui dit-il, et regarde-moi bien ! Je ne suis pas réveillé, réveille-moi, pince-moi jusqu’au sang, s’il le faut ! Nous sommes fous ou bien nous rêvons !

— Le fait est, mon capitaine, répondit Ben-Zouf, que ces choses-là ne me sont jamais arrivées que dans le pays des rêves, quand je rêvais que j’étais hirondelle, et que je franchissais la butte Montmartre, comme j’aurais fait de mon képi ! Tout ça n’est pas naturel ! Il nous est arrivé quelque chose, mais là, quelque chose qui n’est arrivé à personne encore ! Est-ce que c’est particulier à la côte d’Algérie ce qui se passe ? »

Hector Servadac était plongé dans une sorte de stupeur.

« C’est à devenir enragé ! s’écria-t-il. Nous ne dormons pas, nous ne rêvons pas !… »

Mais il n’était pas homme à s’arrêter éternellement devant ce problème, très-difficile à résoudre en ces circonstances.

« Après tout, arrive que pourra ! s’écria-t-il, décidé désormais à ne plus s’étonner de rien.