Cela dit, le capitaine Servadac et le comte Timascheff se saluèrent courtoisement.
Mais, au moment où ils allaient se quitter, une dernière observation fut faite par le comte Timascheff.
« Capitaine, dit-il, je pense qu’il convient de tenir secrète la véritable cause de notre rencontre ?
— Je le pense aussi, répondit Servadac.
— Aucun nom ne sera prononcé !
— Aucun.
— Et alors le prétexte ?
— Le prétexte ? — Une discussion musicale, si vous le voulez bien, monsieur le comte.
— Parfaitement, répondit le comte Timascheff. J’aurai tenu pour Wagner, — ce qui est dans mes idées !
— Et moi, pour Rossini, — ce qui est dans les miennes, » répliqua en souriant le capitaine Servadac.
Puis, le comte Timascheff et l’officier d’état-major, s’étant salués une dernière fois, se séparèrent définitivement.
Cette scène de provocation venait de se passer, vers midi, à l’extrémité d’un petit cap de cette partie de la côte algérienne comprise entre Tenez et Mostaganem, et à trois kilomètres environ de l’embouchure du Chéliff. Ce cap dominait la mer d’une vingtaine de mètres, et les eaux bleues de la Méditerranée venaient mourir à ses pieds, en léchant les roches de la grève, rougies par l’oxyde de fer. On était au 31 décembre. Le soleil,