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Quoi qu’il en soit, pour les Saturniens habitant leur sphéroïde entre les quarante-cinquièmes degrés de latitude et l’équateur, ce triple anneau doit donner naissance aux phénomènes les plus curieux. Tantôt il se dessine sur l’horizon comme une arche immense, rompue à sa clef de voûte par l’ombre que Saturne projette dans l’espace ; tantôt il apparaît dans son entier comme une demi-auréole. Très-fréquemment, cet appendice éclipse le soleil, qui paraît et reparaît dans des temps mathématiques, à la grande joie, sans doute, des astronomes saturniens. Et si l’on ajoute à ce phénomène le lever, le coucher des huit lunes, les unes pleines, les autres en quadrature, ici des disques argentés, là des croissants aigus, l’aspect du ciel de Saturne, pendant la nuit, doit offrir un incomparable spectacle.

Les Galliens n’étaient pas à même d’observer toutes les magnificences de ce monde. Ils en étaient trop éloignés. Les astronomes terrestres, armés de leurs lunettes, s’en rapprochent mille fois plus, et les livres de la Dobryna en apprirent plus au capitaine Servadac et à ses compagnons que leurs propres yeux. Mais ils ne s’en plaignaient pas, — le voisinage de ces grands astres constituant des dangers trop graves pour leur infime comète !

Ils ne pouvaient pénétrer davantage dans le monde plus lointain d’Uranus ; mais, on l’a déjà mentionné, la planète principale de ce monde, quatre-vingt-deux