Là, à la limite de l’horizon, s’élevait le rocher de Gibraltar, et il sembla à Ben-Zouf, comme à lui, qu’un second télégraphe, installé au sommet de l’îlot, répondait aux interpellations du premier.
« Ils ont occupé Ceuta, s’écria le capitaine Servadac, et notre arrivée est maintenant signalée à Gibraltar !
— Alors, mon capitaine ?…
— Alors, Ben-Zouf, il faut rengainer notre projet de conquête et faire contre fortune bon cœur !
— Cependant, mon capitaine, s’ils ne sont que cinq ou six Anglais à défendre Ceuta ?…
— Non, Ben-Zouf, répondit le capitaine Servadac, nous avons été prévenus, et, à moins que mes arguments ne les décident à nous céder la place, il n’y a rien à faire. »
Les déconfits Hector Servadac et Ben-Zouf étaient arrivés au pied même du rocher. En ce moment, une sentinelle en jaillit, comme si elle eût été pressée par un ressort.
« Qui vive ?
— Amis ! France !
— Angleterre ! »
Tels furent les mots échangés tout d’abord. Alors quatre hommes parurent sur la partie supérieure de l’îlot.
« Que voulez-vous ? demanda l’un de ces hommes, qui appartenaient à la garnison de Gibraltar.