Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/96

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congélation. Peu à peu la croûte s’épaissit et soulève tout ce qu’elle supporte avec une force irrésistible.

— Mais ce travail aura une limite ? fit observer le comte Timascheff.

— Je ne sais, père, répondit le lieutenant Procope, car le froid n’a pas encore atteint son maximum.

— Je l’espère bien, s’écria le professeur. Ce ne serait pas la peine de s’en aller à deux cents millions de lieues du soleil pour n’y trouver qu’une température égale à celle des pôles terrestres !

— Vous êtes bien bon, monsieur le professeur, répondit le lieutenant Procope.

Fort heureusement, les froids de l’espace ne dépassent pas soixante à soixante-dix degrés, ce qui est déjà fort acceptable.

— Bah ! dit Hector Servadac, du froid sans vent, c’est du froid sans rhume, et nous n’éternuerons même pas de tout l’hiver ! »

Cependant, le lieutenant Procope faisait part au comte Timascheff des craintes que lui inspirait la situation de la goëlette. Grâce à la superposition des couches glacées, il n’était pas impossible que la Dobryna ne fût enlevée à une hauteur considérable. Dans ces conditions, à l’époque du dégel, quelque catastrophe serait à redouter, du genre de celles qui détruisent souvent les baleiniers hivernant dans les mers arctiques. Mais qu’y faire ?

On arriva près de la Hansa, enfermée dans sa carapace de glace. Des marches, nouvellement taillées par