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HIER ET DEMAIN.

« Ce sont là les enfants de la maîtrise ?

— Ils n’en font pas tous partie, répondit M. Valbrügis.

— Combien ?

— Seize.

— Garçons et filles ?

— Oui, dit le Curé, garçons et filles, et, comme à cet âge ils ont la même voix…

— Erreur, répliqua vivement maître Effarane, et l’oreille d’un connaisseur ne s’y tromperait pas. »

Si nous fûmes étonnés de cette réponse ? Précisément, la voix de Betty et la mienne avaient un timbre si semblable, qu’on ne pouvait distinguer entre elle et moi, lorsque nous parlions ; plus tard, il devait en être différemment, car la mue modifie inégalement le timbre des adultes des deux sexes.

Dans tous les cas, il n’y avait pas à discuter avec un personnage tel que maître Effarane, et chacun se le tint pour dit.

« Faites avancer les enfants de la maîtrise », demanda-t-il, en levant son bras comme un bâton de chef d’orchestre.

Huit garçons, dont j’étais, huit filles, dont était Betty, vinrent se placer sur deux rangs, face à face. Et alors, maître Effarane de nous examiner avec plus de soin que nous ne l’avions jamais été du temps d’Eglisak. Il fallut ouvrir la bouche, tirer la langue, aspirer et expirer longuement, lui montrer jusqu’au fond de la gorge les cordes vocales qu’il semblait vouloir pincer