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Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/128

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HIER ET DEMAIN.

missaire, tout plein de son sujet et trouvant l’occasion propice à une déclaration de principes, ne remarqua pas ce désaccord entre l’indifférence de son visiteur et le but avoué de la démarche de celui-ci, et poursuivit imperturbablement :

— La juste mesure est bien difficile à garder en pareille matière. S’il ne faut pas outrer les rigueurs de la loi, il convient aussi de se tenir en garde contre les critiques sentimentaux qui oublient le crime en voyant le châtiment. Toutefois, nous ne perdons jamais de vue ici que la justice doit être modérée.

— De tels sentiments vous honorent, répondit M. Bernardon, et, si mes remarques peuvent vous intéresser, j’aurai plaisir à vous communiquer celles que la visite du bagne m’aura suggérées. »

Les deux interlocuteurs se séparèrent, et le Marseillais, muni d’un laisser-passer en bonne forme, se dirigea du côté du bagne.

Le port militaire de Toulon se composait principalement de deux immenses polygones appuyant au quai leur côté septentrional. L’un, désigné sous le nom de Darse Neuve, était situé à l’ouest de l’autre nommé Darse Vieille. La périphérie de ces enceintes, véritables prolongements des fortifications de la ville, était marquée par des digues assez larges pour supporter de longs bâtiments, ateliers des