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HIER ET DEMAIN.

nutes peut me faire manquer une affaire considérable ?

— À qui parlez-vous de retard, répondit le capitaine stupéfait d’un pareil reproche, quand vous seul en êtes la cause ?

— Si vous ne vous étiez pas entêté à me laisser à terre, riposta Hopkins, en élevant la voix à un diapason supérieur, vous n’auriez pas perdu un temps qui vaut cher à cette époque de l’année.

— Et si, vous et vos caisses, vous aviez pris la précaution d’arriver à l’heure, répliqua le capitaine irrité, nous eussions pu profiter de la marée montante, et nous serions de trois bons milles plus loin.

— Je n’entre point dans ces considérations. Je dois être avant minuit à l’hôtel Washington, à Albany, et, si j’arrive après minuit, il vaudrait mieux pour moi n’avoir pas quitté New-York. Je vous préviens que, dans ce cas, j’attaquerai votre administration et vous en dommages-intérêts.

— Vous me laisserez en repos, peut-être ! s’écria le capitaine qui commençait à se fâcher.

— Non, certainement, tant que votre pusillanimité et vos économies de combustible me mettront en danger de perdre dix fortunes !… Allons ! chauffeurs, quatre ou cinq bonnes pelletées de charbon dans vos fourneaux et vous, mécanicien, mettez-moi le pied sur la soupape de votre chaudière, pour que nous regagnions le temps perdu ! »