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HIER ET DEMAIN.

science, auquel les négociants des États-Unis ne comprirent pas grand’chose, fit un effet considérable. Qu’en conclure, sinon que ce monstre, n’étant ni un mollusque, ni un pachyderme, ni un rongeur, ni un ruminant, ni un carnassier, ni un mammifère amphibie, était un homme ? Et cet homme, un géant de plus de quarante mètres de haut ! On ne pouvait donc plus nier l’existence d’une race titanesque antérieure à la nôtre. Si le fait était vrai, et tout le monde l’acceptait comme tel, les théories géologiques les mieux assises devaient être changées, puisqu’on retrouvait des fossiles bien au-dessous des dépôts diluviens, ce qui indiquait qu’ils avaient été enfouis à une époque antérieure au déluge.

L’article du New York Herald produisit une immense sensation. Le texte en fut reproduit par tous les journaux d’Amérique. Ce sujet de conversation devint à l’ordre du jour, et les plus jolies bouches du Nouveau-Monde prononcèrent les vocables les plus rébarbatifs de la science. De grandes discussions s’ouvrirent. On déduisit de la découverte les conséquences les plus honorables pour le sol de l’Amérique, qu’on sacra berceau du genre humain au détriment de l’Asie. Dans les Congrès et les Académies, on prouva jusqu’à l’évidence que l’Amérique, peuplée dès les premiers jours du monde, avait été le point de départ des migrations successives. Le