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HIER ET DEMAIN.

Je n’hésitai pas à m’introduire dans l’enclos. Je foulai alors un terrain dévasté. Des quartiers de roche que la poudre avait arrachés gisaient çà et là. Des monticules de terre accidentaient le sol, pareils aux vagues d’une mer agitée. J’arrivai enfin sur les bords d’une excavation profonde, au fond de laquelle gisait une grande quantité d’ossements.

J’avais donc devant les yeux l’objet de tant de bruit, de tant de réclames. Ce spectacle n’avait rien de curieux assurément. C’était un amoncellement de fragments osseux de toutes sortes, brisés en mille pièces. La cassure de quelques-uns paraissait même toute récente. Je n’y reconnaissais pas les parties les plus importantes du squelette humain qui, d’après les dimensions annoncées, auraient dû être établies sur une échelle monstrueuse. Sans beaucoup d’efforts d’imagination, je pouvais me croire dans une fabrique de noir animal, et voilà tout !

Je demeurais très confus, comme on peut le croire. Je m’imaginais même être le jouet d’une erreur, quand j’aperçus, sur un talus fortement labouré par des empreintes de pas, quelques gouttes de sang. En suivant ces traces, j’arrivai à l’ouverture, où de nouvelles taches de sang, auxquelles je n’avais pas pris garde en entrant, me frappèrent tout à coup. À côté de ces taches, un fragment de papier noirci par la poudre,