Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
HIER ET DEMAIN.

mes hôtes eux-mêmes, je n’eusse pas été la victime de cet incroyable humbug, quand des cris de joie éclatèrent au dehors.

J’accourus sur la brèche, et j’aperçus maître Augustus Hopkins en personne, qui accourait, la carabine à la main, en faisant de grandes démonstrations de plaisir. Je me dirigeai vers lui. Il ne sembla nullement inquiet de me voir sur le théâtre de ses exploits.

« Victoire !… Victoire !… s’écria-t-il.

Les deux nègres Bobby et Dacopa marchaient à une certaine distance derrière lui. Quant à moi, instruit par l’expérience, je me mis sur mes gardes, pensant que l’audacieux mystificateur allait me prendre pour plastron.

— Je suis heureux, me dit-il, d’avoir un témoin de ce qui m’arrive. Vous voyez un homme qui revient de la chasse au tigre.

— De la chasse au tigre !… répétai-je, décidé à ne pas en croire un mot.

— Et au tigre rouge, ajouta-t-il, autrement dit le couguar, qui jouit d’une assez belle renommée de cruauté. Le diable d’animal a pénétré dans mon enclos, comme vous pouvez le constater. Il a brisé ces barrières, qui jusqu’ici avaient résisté à la curiosité générale, et il a mis en pièces mon merveilleux squelette. Aussitôt prévenu, je n’ai pas hésité à le poursuivre jusqu’à la mort. Je l’ai rencontré à trois milles d’ici, dans un fourré ; je l’ai regardé ; il a